dimanche 9 octobre 2011

Lettre à Anémone



Chère Anémone,

Ton apparition —il y a de cela deux semaines — m’a réjouie et fort surprise. Ta robe dentelée de  vert, détonnant parmi tes voisines déjà habillées de jaune ou de brun, semblait émerger d’un temps, hélas révolu.

Quelle tentation t’a-t-elle ainsi gagnée à l’aube d’un automne inéluctable ? Goûter la rosée matinale d’un jardin enclin à la préparation du repos hivernal? Humer le parfum sucré des coings parvenus à maturité ?

Je crois plutôt que le chant des mésanges —celui qui ressemble étrangement au besoin de rassemblement printanier — a aiguisé définitivement ta curiosité. Ta magnifique corolle violacée a surgi de dessous le manteau et, au même instant, tu as pu assister pour la première fois de ta vie à l’arrivée de nos rouges-gorges. Et sous tes yeux, ceux-ci ont accompli leur premier bain dans le bassin destiné pourtant en priorité aux rouges-queues.

Et te voilà, t’allongeant dans tous les sens, interpellant tes amies à en faire autant. Je te reconnais, tu es bien Anémone, la pulsatille du printemps.
Ne t’es-tu pas trompée de saison, à moins que tu nous annonces qu’il n’y aura pas d’hiver cette année ?


18 commentaires:

Oxygène a dit…

Quelle jolie façon de saluer cette fleur rebelle qui a choisi de fleurir hors saison.
Ne crois-tu pas qu'elle t'aime, tout simplement, et a voulu t'offrir l'occasion d'un bel article...
Quant à prédire une année sans hiver... Ce ne serait pas vraiment pas une bonne chose... Il est bon qu'il y ait un hiver si nous voulons avoir un printemps...
Bonne semaine à toi Monic !

Plantine a dit…

Un peu de froid, un peu de chaud, et elle a cru qu'on y était !
Ça arrive à tout le monde de se tromper, non ? Moi, samedi, j'ai cru que c'était l'hiver ... ☺

monic a dit…

@ Oxygène
Je suis d'accord avec toi, j'ai aussi un besoin viscéral de l'hiver: me camoufler au chaud lorsqu'il neige à gros flocons ou observer le passage des oiseaux (ou des écureuils) à la mangeoire.
La fin de la lettre, c'était pour le style...

@ Plantine
Oui, et Anémone a les moyens de résister au froid car ses poils sont faits pour ça!

Merci pour votre escapade dominicale et bonne semaine à toutes les deux.

nadège a dit…

hors du temps cette fleur, magnifique poème :) qui dit pas d'hiver dit peut-être pas de floraison pour l'année prochaine, quel dommage :)

Cathy B a dit…

Bonjour Monic,
Vraiment étonnant, cette floraison d'automne, bercée par la poésie de tes mots. Pas d'hiver? Je ne l'espère pas non plus. J'ai aussi besoin d'un peu de froid pour mieux apprécier la flambée dans la cheminée et le café brûlant. Et sans froid, sans doute pas d'anémones au printemps suivant?
Très belle semaine

monic a dit…

@ Nadège
Je suis ravie que le texte te plaise. Je ne savais pas comment signaler l'évènement.
Alors, pour l'hiver, finalement nous sommes toutes d'accord.

@ Cathy
D'un côté, l'anémone, par sa deuxième floraison, m'indique que je lui ai trouvé le terrain qu'il lui convient.
Thé et café brûlant, oui, j'oubliais ce plaisir-là.

Merci à toutes les deux pour votre commentaire et bonne semaine.

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

Bien tournée, cette histoire. J'adore cet univers.
Belle soirée,

Roger

Zipanu a dit…

Il a toujours quelques fleurs pour faire démentir la floraison unique comme des poétesses ouvrent l'esprit. :)

Thérése a dit…

Bravo la présentation de cette anèmone trés poétique qui chamboule les saisons...
Douce journée.
Bisous

Foise a dit…

C'est juste un peu inquiétant tout cela... Je fais aussi des rencontres inattendues...
y'a plus d'saison ma bonne dame !

Chris a dit…

Mimie tout plein cette lettre à Anémone et les photos sont superbes. Mais dis moi, tu as pris ces photos maintenant???

monic a dit…

@ Roger
Merci. Il existe sur la toile DES univers de style si divers que c'est un plaisir que de s'y perdre parfois.
Le tien est un monde de liens et de courants que j'aime aussi visiter.

@ Zipanu
Je comprends ton image comme l'expression de phénomènes qui interrogent le passant et le surprennent. La belle Anémone a réussi son coup. Merci.

@ Thérèse
Etre ici et maintenant alors que les autres ne s'y attendent pas, est-ce un acte poétique? La présence inopinée d'une fleur peut nous rendre poète. Merci.

@ Foise
Merci. Le végétal nous donne le coup de pied nécessaire pour sortir de la routine: quel changement chez l'humain cela annonce-t-il?

@ Chris
Réponse: le jour de la photo était le 6 octobre...
Et les fleurs sont aussi vaillantes qu'au printemps.
Merci.

Roger Gauthier a dit…

Bonsoir Monic,

Me revoici enfin sur ton blogue. J'ai lu et relu ton texte. Il est charmant, j'y ai trouvé comme une touche d'étonnement, peut-être de regret ou d'inquiétude, je ne sais.

Mais je suis plus un gars d'image que de texte, comme tu sais. Et ces deux photos me touchent, surtout la première. Elle même a l'air inquiète et un brin fragile, comme étonnée d'être là, seule et sans protection. Mais tout ça n'est probablement que dans ma tête, probablement... affaire de projection.

Et aussi, je n'ai pas oublié du tout le texte que tu as laissé sur mon blogue à l'occasion du décès de ma mère. Quelle chose étonnante et puissante, et quel support surtout !

Je n'oublierai jamais.

Roger

monic a dit…

@ Roger
Cette image est la rescapée d'une série catastrophique car j'avais déréglé inopinément mon appareil lors d'une capture précédente.
Pas de retouche, ni de recadrage, une simple macro: je suis moi-même surprise qu'il subsiste quelque chose de montrable tel quel!

Alors regret? Inquiétude? Je dirais étonnement plutôt: plusieurs événements dans la nature de proximité m'intriguent en ce moment.

Merci pour ton passage.

Christineeeee a dit…

Bonjour monic !

Quelle année extraordinaire qui nous donne deux floraisons printanières... pour le prix d'une !
Tu as bien fait d'immortaliser cette renaissance en attendant la première neige !

Biseeeeeeeeeees de Christineeee

(premières neiges sur les Pyrénées la semaine passée : j'ai même marché dedans hier !)

lejardindelucie a dit…

C'est une optimiste Anémone Elle veut croire que quelques rayons de soleil tardifs suffisent à faire un printemps! Hélas nous les "vieux" savons que ce n'est qu'un leurre. Ici c'est le laurier rose, ce nigaud qui croit qu'il peut fleurir avant que le froid en le surprenne!

Yo-cox a dit…

Peite, cachée, fragile, sensible...Seul un coeur attentif pouvait la voir...cela ne m'étonne pas que ce fut le tien!
Bises
Yo-cox
http://photo-passion.blogspot.com/

monic a dit…

@ Christine, Lucie et Yo-cox,
L'histoire de la pulsatille vous a touchées. Dernière nouvelle: le forsythia a aussi tenté une sortie mais il a reculé au bout de deux fleurs. Raisonnable tout de même...

Amitiés à toutes les trois.