jeudi 14 mai 2009

F comme fleurette (c’est bien parce qu’on est au mois de mai !)



Savez-vous “conter fleurette” ?














Ah, bien sûr, l’expression est devenue ringarde et plus personne ne l’utilise. Elle paraît trop ... “fleur bleue”, sentimentale et désuète.
Que dites-vous ou que faites-vous aujourd’hui pour évoquer et signifier la beauté ou le charme d’une personne que vous découvrez d’un regard nouveau ?
Mesurez votre pensée et faites attention aux paroles que vous prononcez ou aux gestes que vous tentez, sinon vous serez vite dénoncés pour harcèlement sexuel...

Mais restons pour un court moment un peu ringards, un peu vieux jeu et réapprenons à conter fleurette, comme au XVIe siècle en volant de fleur en fleur.
Dans le Feuillu, tradition antique (chantée et dansée), la jeunesse fête le retour du printemps avec force guirlandes de fleurs et de rameaux. Après avoir désigné dans le groupe le Roi et la Reine de Mai, ils s’en vont, par les villages ou quartiers, récolter de la farine, des œufs, du sucre et aussi de l’argent.
Le compositeur et pédagogue Emile Jaques-Dalcroze (1865-1950) a écrit le texte et la musique du Jeu du Feuillu dans lequel on peut entendre et comprendre les provocations que se lancent filles et garçons dans un début de jeux amoureux.

Les filles :
«Hé garçons, servants infidèles du Mai
Qui ne savez pas trouver dans le bois la feuillette nouvelle,
Vous ne saurez non plus trouver les chemins feuillus
Du cœur des filles que vous aimez en Mai.
(...)
Vous ne l’avez pas le Mai, vous ne l’avez pas le Mai,
Car il ne veut plus, le feuillu, fleurir dans votre garçonnière.»
(in La chanson des “risolettes”)

Les garçons :
«Le soleil filait de l’or sur les haies pour le Mai nouveau...
Nos chansons d’amour se sont dévidées comme un écheveau.
V’là le Mai, (...) nous avons fait belle cueillette, V’là le Mai (...) si gai.
Nous reviendrons deux dans les bois ma mie,
Lavons-nous les yeux de claire verdure,
Peut-on aimer mieux qu’au printemps ma belle,
V’là le Mai joyeux (...)»
(in La chanson des garçons de Mai)

Vous l’aurez compris, «conter fleurette» signifie d’abord “s’exprimer en mots galants, faire la cour”, mais peut vite avoir le sens de “cajoler, amadouer, flatter...” lorsque la sincérité fait défaut.

Complément lexical :
Fleureter : date du XVIe s. = voler de fleur(s) en fleur(s),
Conter fleurette : date du XVIIe s. ; fleurette = propos galant
Fleureter, sens de “faire la cour”, est dérivé de l’anglicisme flirter (=agiter, remuer vivement ; badiner, être inconstant) et date de la fin du XIXe s.

9 commentaires:

laurent Debordes a dit…

sans vouloir te conter fleurette , je trouve ce fil de post tres interessant , entre poesie et histoire , on reapprends la langue française quelques origineS de mots oubliés ou peu usités ...
MERCI
VL'LA LE MAI JOYEUX ...

Unknown a dit…

Encore une fois passionnant! Ta référence au "feuillu" me rappelle ce personnage antique présent parfois sur les bas-reliefs d'églises: le feuillu, homme qui a des branches d'arbre qui sortent de sa bouche et poussent sur sa tête. Dieu hérétique sylvestre oublié, qui s'apparente au faune... et au satyre! C'est le printemps! Les ,hommes verts ,content fleurette aux demoiselles!

Et pour revenir à l'expression "conter fleurette", lorsque j'étais enfant, je croyais que c'était "compter fleurette": passer son temps avec son amoureux (amoureuse) à effeuiller platoniquement les pétales des marguerites en murmurant "il m'aime, un peu, beaucoup..."

cryzal a dit…

Un coup de foudre j'ai eu en visitant le tien ......
je t'invite humblement chez moi et si le coeur t'en dis deviens membre aussi

Au plaisir

Josée Roy a dit…

Bien le bonjour ma chère Monic. J'avais tellement hâte de te rendre visite, je voyais la petite fleur (donc du nouveau chez toi); mais mes visites sur le blog étaient de courtes durées.

Ce soir, je suis heureuse de pouvoir apprécié tes textes et recherches (et je ne te conte pas fleurette, ;)).

Passe une belle journée.
Josée

~nancy a dit…

..bonjour Monic..

.. j'ai une tante qui se nommait Fleurette..elle était tellement gentille;)

..merci pour l'histoire..mes visites dans ta chaumières sont toujours enrichissantes..

..en passant, j'adore le photo de ta bannière;)bo samedi..

~nancy

Chris a dit…

Monic,
J'adore ton blog, c'est une véritable évasion!!! Non pas par les images, mais par les mots et notre langue si riche.
Merci encore pour nous rappeler que notre langue est bien plus riche que ce que l'on peut croire!!

cryzal a dit…

Merci pour ta visite et en passant ma mère se nomme Monique aussi

au plaisir

Foise a dit…

J'aime bien ce que suggère le commentaire de Cathy : compter fleurette = effeuiller la marguerite... Enfant je le faisais avec candeur, sans soupçonner une seconde ce que cette expression pouvait sous-entendre de plus concret.
Plus tard, on ne m'a guère compté fleurette... pour tout dire !

lejardindelucie a dit…

Je lis avec plaisir tes textes si bien écrits et alliant histoire de la belle langue et poésie!Quelle charme que ces expressions anciennes rappelant élégance du langage et galanterie!Même si la réalité en était parfois éloignée.
Cela nous transporte dans un autre monde!
Merci