
Que je vous présente cette grand-mère féline !
Elle doit certainement attendre depuis l’aube derrière la porte de ses maîtres. Je ne l’entends pas miauler car elle est assez discrète dans la maison. À son âge, elle a ses habitudes. L’une d’entre elles consiste à faire le tour de la maison dès qu’elle en a la permission (elle peut sortir si un de ses maîtres est présent). Lorsque la température est encore fraîche, elle s’aventure plus loin en traversant la petite route qui mène au quartier. Après sa première expédition, elle s’installe sur le capot d’une voiture. De son perchoir (qu’elle utilise de préférence dès l’automne, quand le sol se refroidit), elle observe les enfants qui se rendent à l’école.
Durant cette dernière période de grande chaleur, elle vient se camoufler sous le feuillage de mes hémérocalles. Elle sait maintenant (à force de réprimandes) qu’elle ne doit pas se coucher sur les plus petites plantes qui peinent déjà à se défendre contre les attaques de limaces.
Lorsque la porte-fenêtre de la cuisine est ouverte, elle entre en miaulant. Comme c’est une chatte, je dis qu’elle miaule. En fait, elle parle. Je ne comprends pas ce qu’elle me dit, mais je suis sûre qu’elle s’exprime. On échange, chacune à notre façon : «Bonjour. Comment vas-tu ? Il fait chaud ce matin. Je fais un petit tour chez toi. D’accord, mais pas sur les lits, bien entendu... etc. ». C’est notre petit rituel de rencontre, une parole, une caresse, trois petits tours et puis s’en vont.
Au début de notre fréquentation, je n’appréciais pas beaucoup ses miaulements. Mais on s’est aperçu dans la famille que cette chatte comprenait très bien ce qu’on lui disait... à condition qu’on prenne le temps de lui expliquer, par exemple, qu’il est encore trop tôt pour elle de s’engouffrer dans la cage d’escaliers pendant qu’on lève le courrier de la boîte aux lettres. Aujourd’hui, je m’entends bien avec elle. Enfin, sauf sur un point : je n’aime pas la voir chasser les oiseaux. Mais à ce sujet, elle devient complètement indifférente à mes remarques !
J’aime les chats.
L’expression dès potron-minet a un lien avec la caste de nos amis domestiques. Elle a le sens de «dès que le chat montre son derrière», c’est-à-dire «dès le lever du jour».
Minet désigne bien entendu le chat et potron vient du latin posterio (= cul).
En Normandie, on dit dès potron-jacquet, «dès que l’écureuil montre ses fesses».
(tiré de Les expressions de nos grands-mères, de Marianne Tillier)