mercredi 25 août 2010

Contes islandais (1)




Il est une rivière nommée Öxara qui s’écoule du nord-est au sud-ouest dans le site majestueux de Thingvellir. Cette région est reconnue par l’Unesco en tant que patrimoine à préserver. Le site est intéressant du point de vue géologique car ses failles marquent le rift qui sépare la plaque tectonique de l’Europe de celle de l’Amérique du Nord.
D’autre part, Thingvellir revêt une importance nationale pour les Islandais car ce lieu a abrité dès 930 (jusqu’en 1798) le premier Parlement du monde. Les chefs de clans se réunissaient en été en une assemblée en plein air : l’Althing.







Histoire
Selon une ancienne croyance, l’eau de l’Öxara, une fois par année, se transforme en vin.
Deux hommes d’église en auraient fait l’expérience.
Voici comment : alors que les deux pasteurs se préparaient pour le sermon du jour de l’An, le plus jeune se rendit à minuit au bord de la rivière et, pour se désaltérer, remplit une bouteille avec l’eau de la rivière. De retour au logis, il s’aperçut que le contenu du flacon avait pris la couleur du vin. Tout de même étonnés, les deux pasteurs dégustèrent un nectar délicieux. Ils déposèrent la bouteille sur le bord de la fenêtre et en peu de temps, le liquide reprit l’apparence de l’eau.
Les deux hommes de foi décidèrent de revenir sur les lieux l’an prochain, à la même période, afin de renouveler l’expérience.
Ainsi, l’année suivante, à minuit, le plus jeune pasteur alla remplir sa bouteille à la rivière et de retour à la maison, il réalisa que le liquide avait cette fois la couleur du sang. En effet, en goûtant ce breuvage, il n’eut aucun doute : c’était bien du sang. Il écarta la bouteille sur le rebord de la fenêtre. Or, en quelques instants, le contenu avait repris la couleur d’une eau limpide.

Depuis ce temps-là, on suppose que l’Öxara devient sang lorsqu’il y a beaucoup de victimes durant l’Althing. On pense aussi que, cette année-là, durant l’Althing, il y eut une grande bataille.



lundi 16 août 2010

Quand les voyageurs sont de retour...



Voilà deux semaines que je suis rentrée d'Islande. Je me disais que, le temps de déposer mes bagages et celui de retrouver mes repères, je parviendrais peut-être à reprendre le cours de la vie tranquille et à créer un article susceptible d’intéresser les lecteurs. 

Or, les martinets vont bientôt s’envoler et ma page est toujours blanche.

La quotidienneté est envahissante et les excuses face aux exigences de l’écriture tombent du ciel.

Enfin, le travail d’élaboration s’est fait en sourdine : de quoi vais-je parler ? par quel thématique commencer ? Car, bien entendu, le séjour islandais fut riche à souhait : rencontres, impressions, images et sensations.

Je dirais, pour commencer :

«Au pays des trolls les fleurs sont si romantiques...»


La plus lumineuse sans doute est l’Epilobe à larges feuilles. En anglais, son nom correspond mieux à la première impression qu’elle m’a donnée : Arctic RiverBeauty. Impossible de l’ignorer : son rose éclatant attire de loin mon regard. En touffes isolées ou groupées en une large plate-bande, je la rencontre toujours en un lieu humide sans qu’elle ait les pieds dans l’eau.



Chamerion latifolium
Lieu: Dettifoss


Le nez au sol, j’ai été à la recherche constante des orchidées sauvages. Les Platanthères hyperboréales, que j’avais déjà rencontrées, il y a cinq ans, ont répondu à mes voeux : bien plus nombreuses, leur floraison était juste à point pour effectuer leur portrait.
De plus, placée en évidence non loin d’une colonie de platanthères, une de leurs cousines dressait sa tige et ses fleurs teintées de brun et de pourpre. Je ne l’ai aperçue qu’une seule fois, l’Orchis grenouille.


 Platanthera hyperborea


Coeloglossum viride islandicum
Lieu: Skaftafell



Assise au bord d’une rivière à observer les tentatives d’un garrot arlequin à franchir une cascade, je réalisai soudain que j’étais entourée de magnifiques fleurs pourpres que j’avais confondues de loin à la Benoite des ruisseaux. Au lieu de cloches tombantes, c’étaient en fait des Potentilles des marais, appelées aussi Comaret, fleurs épanouies me révélant leurs étamines brillantes.


 Comarum palustre
Lieu: Myvatn



Répandu en sous-bois ou sur les pentes herbeuses, le Géranium des bois ne cesse de me captiver. Selon la luminosité ambiante, ses teintes violet mauve prennent des tons pastel qui font rêver les poètes. C’est pourquoi je l’apprécie et ne me lasse jamais de le photographier.


Geranium sylvaticum
Lieu: Skaftafell


J’ai un seul défaut lorsque je réalise des photographies macro : j’oublie trop souvent d’effectuer des prises de la fleur entière. Ainsi sa détermination est aléatoire ou impossible car la vue des feuilles est absente. Je nommerai donc cette fleur que j’ai admirée dans sa solitude sablonneuse, la Belle Inconnue !


Lieu: Reykjavik

Enfin, j’offre aux lecteurs qui m’auront suivie jusqu’ici la meilleure image que j’ai réalisée du Thym arctique, une plante qui m’a donné un mal fou chaque fois j’ai voulu la photographier : elle est très basse, à ras du sol.  De profil, je rencontre un problème de profondeur de champ et, en plongée, la netteté me joue souvent des tours.



Thymus praecox arcticus
Lieu: Thingvellir