vendredi 24 décembre 2010

Mille lumières

Mille lumières

Mille petites lumières
— même davantage —
mille petites lumières
pour réchauffer nos coeurs,
éclairer notre voie,
guider nos pas.

Mille petites lumières
pour fêter la rencontre des mondes,
accueillir ceux qui se sont égarés,
revoir tous ceux que l’on a perdus de vue.

Mille lumières
et
PAIX SUR LA TERRE

JOYEUX NOEL !

lundi 20 décembre 2010

Drôle d'oiseau!



Dans la tempête de vendredi passé, une ombre s’est soudainement profilée dans la cabane aux oiseaux. Nous ne l’avions pas vu arriver, ce «drôle d’oiseau» !

Or, malgré les apparences, cet intrus n'est pas un «personnage peu recommandable», expression qui concerne uniquement le genre humain!



Depuis quelques semaines, Monsieur et Madame Ecureuil se promènent dans notre jardin. Leur parcours est chaque jour identique, mais comme ils ne font pas leurs courses ensemble, nous ne savons pas si nous croisons le regard de Madame ou de Monsieur.





La neige a de nouveau recouvert le sol d’une bonne épaisseur. Difficile pour eux d’aller se servir dans la réserve alimentaire des pies. Les noix cachées sous la charmille sont désormais invisibles.





Un jour nous avons surpris Monsieur ou Madame qui tentait une approche de la cabane : ses pattes arrière accrochées à la branche supérieure, il s’était laissé pendre pour examiner cette chose bizarre.
Mais vendredi 17 décembre, la cabane fut définitivement adoptée : nourriture facile d’accès, famine ?





Depuis trois jours maintenant, Gente Ecureuil squatte la cabane le matin pendant une heure, au grand dam des mésanges qui s’impatientent aux alentours.





Quelle est la différence, pour le photographe, entre une mésange et un écureuil ?
Lorsqu’on ouvre la porte-fenêtre pour tirer le portrait de l’écureuil, il ne s’enfuit pas, LUI ! Au contraire, il nous observe un moment et continue son repas...

lundi 13 décembre 2010

Tailler une bavette... ou la chronique d'une vie hivernale

La neige... Elle est venue, elle est repartie.
Pas eu le temps de l’apprécier, une fois les travaux qu’elle nous a imposés.




La neige... Elle reviendra.
Sans doute.
J’espère.
J’aime l’impression de vivre dans un cocon où les bruits sont étouffés.






Cette blancheur tout autour nous éloigne pour une fois de la routine.
Les routes sont encombrées, glissantes ? Je ne sortirai pas, j’attendrai.
Les produits frais commencent à manquer ? On improvisera avec les réserves de la cave.






Nos habitudes sont remises en question : qui viendra libérer la rue assez tôt ? Les machines existent, modernes, souples, rapides et de plus en plus silencieuses. Mais à vouloir libérer l’Homme de ses servitudes et apaiser les dépenses publiques, les penseurs de l’économie communale ont créé un nouveau phénomène : il n’y a plus assez de bras ni de cerveaux pour conduire ces déblayeuses à neige. Ainsi, sans 4X4 (encore faut-il savoir le maîtriser sur des pentes verglacées), il devient difficile de se déplacer avant... dix heures du matin.






Il va encore neiger... pour Noël...
Car sans une couverture blanche, comment pourraient-ils se déplacer, les rennes avec leur traîneau ?

Il faut qu’il en tombe encore de ces sacrés flocons ouatés. Sinon nous ne pourrions plus rencontrer à l’improviste nos voisins. Dégageant en commun nos accès, outil en main, entre deux pelletées, nous aurions une nouvelle fois l’occasion de tailler une bavette. Les tâches partagées engendrent toujours de la bonne humeur et des sujets de discussion certes futiles mais néanmoins spontanés.






Enfin, s’il ne neige pas, à quoi serviraient encore nos petites cabanes suspendues aux branches les plus proches de la maison ? Faudra-t-il les transformer en cybercafé pour mésanges bavardes ? La bleue et la huppée prennent leur aise en ce moment alors que le terrain et les écorces sont à nouveau découverts.
Et le spectacle est plutôt calme ces jours.

“Tombe la neige”...
... mais c'est la bise noire qui règne aujourd'hui.

mardi 30 novembre 2010

Tomber à l'eau



tomber à l’eau et se fondre dans l’immensité invisible
apprendre à se dissoudre sous la vague de la nostalgie

et dans vingt jours
le seigneur à la couronne dorée
rangera sa palette et ses pinceaux

mardi 16 novembre 2010

Philémon, Félicien, Fred et la feuille qui devait passer l'hiver

                                                                                                                                                                                                                                           «— Bonsoir, Oncle Félicien !       Euh... ça... ça va, Oncle Félicien ?

— Je crois bien que c’est celle-ci... Ouais !... Je crois bien...

— Euh... de... de quoi parles-tu, Oncle Félicien ?

— De la feuille qui va passer l’hiver...

— La feuille qui va passer l’hiver ?

— Eh oui, Philémon, comme chaque année... les feuilles meurent et tombent mais il y en a toujours une qui reste... une seule.

Eh bien, cette année, la voici, cette fameuse feuille !

Hé ! Hé ! Ouais, la voici !






— Je ne savais pas qu’une feuille devait passer l’hiver ?...

— Oh... Peu de gens le savent, Philémon...

Ouais, bien peu de gens... et pourtant... il en est ainsi depuis le commencement des temps...

C’est au début de l’automne que les feuilles désignent celle qui doit passer l’hiver...  pour raconter les saisons aux jeunes feuilles du printemps suivant...

Puis elle disparaît et une nouvelle feuille est désignée à son tour... et ainsi de suite...

Ouais... et celui qui voit la feuille qui doit passer l’hiver est assuré de passer un bon hiver...»


(Texte tiré de la bande dessinée de FRED:
Philémon, le Secret de Félicien, Dargaud Editeur 1986, B.D. n° 13)



JE L'AI TROUVEE! ET VOUS?

La nuit est tombée depuis quelques heures. Je peux enfin raconter pourquoi j’ai nourri mon article d’un extrait de la b.d. de Philémon.
Chaque automne, lorsque je vois les feuilles se métamorphoser, les arbres devenir chauves et les jours raccourcir, il me vient en sourdine l’impression d’une histoire lointaine, comme surgie des tréfonds de la terre et des mers : l’histoire d’une feuille esseulée, jaunie, perdue dans le vent froid...

La photo de rêve publiée par Cathy ainsi que le très beau texte de Titane ont réanimé d’autant plus cette sensation. Oui, une feuille, parmi toutes les autres, serait-elle l’objet d’un fantasme ou l’image d’un archétype ?

Alors, j’ai posé la question autour de moi : «Quelle est cette histoire de la dernière feuille d’automne ?»

Mon lecteur de bandes dessinées  m’a répondu, sûr de lui : «Je sais.»

Aussi j’ai pu relire avec sérénité « Le secret de Félicien», histoire dont je ne me souvenais pas mais qui avait toutefois laissé une trace au fond de moi.   


 

dimanche 31 octobre 2010

A l'été de la Saint-Martin

Quelques dictons d'automne: 


Le mois des brumes réchauffe par devant
Et refroidit par derrière.



Vent de Toussaint
Terreur de marin.








A la Toussaint les blés semés
Et tous les fruits serrés.






A la Toussaint
Commence l’été de la Saint- Martin.

mercredi 27 octobre 2010

Ballenberg: dernières cartes postales




«Au Ballenberg, il était une fois la Suisse. Plus de 100 maisons originales, vieilles de plusieurs siècles, provenant de toutes les régions du pays, deux cent cinquante animaux de ferme de races indigènes, des jardins et des champs entretenus comme autrefois, des démonstrations d’artisanat traditionnel et de nombreuses manifestations thématiques vous permettront de revivre le passé «comme si vous y étiez»!

Page d'accueil “Bienvenue” du site
www.ballenberg.ch Musée suisse de l'habitat rural


La saison touristique prend fin dans quelques jours au domaine de Ballenberg. Les portes des maisons, des étables et des ateliers  resteront closes durant tout l’hiver. Avec leurs volets fermés et leurs cheminées glacées, les belles demeures retrouveront le silence éternel d’autrefois.
Le Passé tire sa révérence durant cinq mois.



Cette année encore, j’ai succombé à la tentation de visiter ces lieux désuets. Leur rusticité ainsi que leur charme me permet d’effectuer un travail de mémoire. Même si je n’ai pas connu les conditions de vie décrites dans ces différentes demeures, j’ai eu l’occasion d’écouter les récits des anciens : grands-parents, oncles et tantes ont su nous raconter les gestes et les objets qui ont habité leur quotidien.



Rustique, disais-je. Lorsque je revois la citerne devant la maison jurassienne, à côté de son jardin potager, je réalise une fois de plus que la notion de Temps a changé. Quelle différence entre le simple geste d’ouvrir le robinet de la cuisine et toutes les activités pour prélever l’eau de la citerne: prendre une jarre, se rendre au puits, faire coulisser la chaîne, remonter le seau plein...



Charmant, disais-je. Tout ce qui est ancien, souvent obsolète, comme le jeu de plots aux faces recouvertes d’images ou la dînette en fer, tout ce qui appartient au temps du musée a du charme car les objets devenus ici inutiles sont restés beaux. Je m’interdis de comparer ces meubles ou ces ustensiles  anciens à ce qui fait l’efficacité de ma cuisine moderne, sinon le charme se rompt : les vieux objets révèlent leurs défauts au lieu de conserver leur valeur d’œuvre d’art ... d’une époque lointaine.



La déambulation dans les couloirs, les chambres et les caves se fait sans crainte : ni seuil fendu ni escalier tronqué. Le travail de reconstitution  a été réalisé avec soin et précision. D’ailleurs, je n’ai ressenti aucune présence de fantômes ou d’hôtes revenants. Les maisons, provenant des quatre coins du pays, ont été démontées poutre après poutre. Les pierres des murs descellées et numérotées ont probablement découragé les esprits à accompagner la demeure sur un autre sol !



D’ici peu de temps, la neige recouvrira les toits, mais les cheminées ne fumeront pas : c’est le sort de tout habitat appartenant à un musée, à un passé définitif.







Ballenberg, Musée suisse de l’habitat rural
Clôture 31 octobre 2010
Ouverture 15 avril 2011

vendredi 15 octobre 2010

Derrière les carreaux...



... une ombre s’efface et les rideaux retombent avec légèreté.

Sous ses paupières à demi fermées, le passant a senti un regard inquisiteur et méfiant.
Il ne fait pas bon s’aventurer de ce côté lorsqu’on est l'«étranger».

Il vient pourtant du village voisin, celui que chacun peut atteindre à condition de franchir la rivière par le pont des amants noyés.
Sombre histoire. Un gars du village de l’est avec une fille du hameau de l’ouest : ils s’aimaient.
On les a retrouvés à trois kilomètres en aval, leurs corps accrochés aux branches du rivage. Un accident, ou un homicide.
Depuis le drame, les habitants des deux villages ne se parlent plus. La douleur et la souffrance les ont tous éloignés dans la peur, dans la méfiance vis-à-vis de l’autre. La rivière, pourtant si belle, forme une frontière mentale au-delà de laquelle l’espace est synonyme de danger.

Derrière les carreaux, de part et d’autre du pont des amants noyés, chacun se tient à carreau : homme, femme et enfants sont sur leur garde. 
Redoutent-ils un acte de vengeance ou se préparent-ils à une expédition punitive ?
Au pays des arbalètes, les flèches, appelées aussi carreaux, sont toujours affûtées.

lundi 4 octobre 2010

Vendémiaire rouge






Dernière image d’une parcelle d’été
Sur le sable encore chaud
les uns achèvent leur château

Tandis que les flamants passent et repassent
Roses et blancs dans l’eau frissonnante




Est-ce de la feuille ou de la graine
que jaillit son plus grand orgueil ?

A l’aube de la saison embrumée
l'inconnue achève sa course au soleil




mercredi 22 septembre 2010

Des figues et du raisin!

Juteuse, sucrée, goûteuse, vitaminée, ensoleillée...

... et si fondante dans la bouche,
... et si délicieuse sur la langue !


Au jardin d'Odile

Elle se laisse cueillir à l’arbre, non sans résistance : il faut la tourner délicatement dans la paume afin que la tige lâche. Gare aux impatients, sa peau éclate et sa chair se répand le long du poignet.

J’ai fait l’expérience — une première — d’un magnifique goûter sous un figuier : je sentais la chaleur du soleil qui continuait ce jour-là à mûrir les fruits que les guêpes se disputaient.
Je n’ose pas avouer le nombre de figues que j’ai mangées l’une après l’autre. La première dans le panier, la suivante dans le gosier, et ainsi de suite.
Comme Eve de la Genèse, j’adore me servir des “fruits du paradis” volés directement à l’arbre. Rien ne m’arrête, je suis de la caste des “chasseurs-cueilleurs” même si la première fonction ne m’a pas été enseignée. Il me peine de voir languir les fruits dans un plat, aussi artistique soit-il.

La figue, que j’ai détestée durant mon enfance, représente maintenant LE fruit par excellence : celle qui est petite, dont la peau a la couleur aubergine, possède des grains si fins, bien enveloppés dans la chair, qu’on ne les sent pas dans les dents. Il suffit d’écraser le fruit croqué contre le palais et il s’écoule voluptueusement dans la gorge.

Je parle de la figue mûre ; j’exclus toutes celles que l’on trouve dans les supermarchés, encore vertes, cueillies trop tôt pour cause de transport, et qui sont dépourvues de parfum. Leur vue sur l’étalage me laisse à chaque fois mi-figue mi-raisin car ma gourmandise se traduirait par une mauvaise plaisanterie si je me laissais tenter.
Le souvenir d’un “fruit du paradis”, maraudé un soir d’été dans un verger ensoleillé du sud, ne peut plus se transformer en sensation désagréable devant l’insipidité d’une chair immature !

À force de penser, de rêver “figue”, je viens à me demander d’où est née cette expression si courante dont même les chroniqueurs sportifs se mettent à abuser parfois. Par exemple :

«Roger Federer à l’US Open : un parcours mi-figue mi-raisin

On pourrait se contenter de définitions glanées d’un dictionnaire à un autre, comme :

«à la fois agréable et désagréable»
« ambigu, mitigé»
«qui présente deux attitudes opposées»
« en même temps, du sérieux et une plaisanterie»

Ma curiosité a été satisfaite lorsque j’ai appris que deux explications, s’appuyant sur l’historicité de l’expression “mi-figue mi-raisin”, mentionnaient la raison de la référence aux deux fruits: la figue et le raisin.


Vignes de Calvisson

Première source :
Durant le Carême, il était permis de consommer des fruits. Or, la période précédant Pâques n’est pas riche en fruits frais. Les réserves ménagères conservaient des raisins secs, coûteux et appréciés, ainsi que des fiches séchées, bon marché mais peu aimées par les gens.
Cela confirme mon souvenir désagréable d’enfance !
Ainsi l’équation {«mi-figue» = désagréable ; «mi-raisin» = agréable} peut se comprendre plus aisément. CQFD

Deuxième source :
Au XVe siècle, le commerce sur la Méditerranée était intense. Corinthiens et Vénitiens pratiquaient un échange continu de marchandises.
Les premiers livraient aux seconds, entre autres, des raisins et des figues. Habiles marchands, les Corinthiens mêlaient des figues, plus lourdes, aux raisins.
La satisfaction des Vénitiens ne pouvait être que mitigée.

Cette dernière explication n’est toutefois pas avérée : elle pourrait être assimilée à une légende.

jeudi 16 septembre 2010

Contes islandais (4 et fin)


Barges à queue noire


Le territoire islandais offre à l’ornithologue l’occasion d’approcher un grand nombre d’oiseaux : les espèces marines, les échassiers, les canards, les rapaces, les passereaux, la plupart migrateurs, occupent l’espace au moment de la nidification et de l’élevage des jeunes.
En trois semaines, nous avons pu photographier et/ou observer au moins 40 espèces, sans compter les individus non identifiés avec certitude:
le pétrel fulmar, le cormoran huppé, le grand cormoran, le macareux moine, le guillemot à miroir ;
le huîtrier-pie, le grand gravelot, le pluvier doré, le bécasseau variable, le bécasseau violet, le tournepierre, la bécassine des marais, le courlis corlieu, la barge à queue noire, le chevalier gambette, le phalarope à bec étroit, ;
la mouette rieuse, le goéland marin, le grand labbe, le labbe parasite, la sterne arctique, un labbe pomarin;
le cygne chanteur, l’oie cendrée, le colvert, le fuligule morillon, le garrot arlequin, le garrot d’Islande, l’eider, le harle huppé, le plongeon imbrin ;
le faucon émerillon ;
le pipit farlouse, la bergeronnette grise, le troglodyte mignon, le traquet motteux, la grive mauvis, le grand corbeau, l’étourneau sansonnet, le bruant des neiges.


Jeune pluvier doré


Grive mauvis



Histoire

Pourquoi la perdrix des neiges, appelée plus exactement lagopède alpin (Lagopus mutus), devient-elle blanche en hiver ?
Pourquoi le faucon pleure-t-il en hiver ?
Cette légende islandaise vous l’expliquera, mais vous êtes libres d’y croire ou non...

Marie, mère de Jésus, avait un immense pouvoir sur certains habitants du ciel, non pas seulement sur les anges, mais aussi sur les oiseaux.
Un jour, elle appela auprès d’elle tous les oiseaux de l’univers, sans exception. Ayant préparé un brasier, elle leur ordonna de le traverser les uns après les  autres. Les oiseaux, qui avaient un grand respect pour la reine des cieux, lui obéirent et passèrent l’épreuve du feu sans toutefois manquer de se plaindre silencieusement. Aussi le plumage de leurs pattes fut-il brûlé et gravement dégarni, ce qui explique pourquoi, de nos jours, les pattes des oiseaux sont nues.
Seule la perdrix des neiges —le lagopède alpin — refusa d’exécuter l’ordre de Marie.


Or, Marie, mère de Jésus, fut très fâchée de la désobéissance de la perdrix des neiges. Elle décida que le lagopède serait désormais l’oiseau le plus doux de tous, mais qu’il serait aussi le plus agressé par les autres, en particulier par le faucon qui, depuis fort longtemps, était devenu son frère.
Pour alléger sa peine, Marie lui accorda la faveur de pouvoir changer la couleur de son manteau de plumes à chaque saison. Ainsi, de gris brun en été, elle devint blanche en hiver.
Dès lors, et malgré le déguisement de la perdrix, le faucon se met à l’attaquer, à la dévorer à chaque fois que la faim le tenaille. Or, ce n’est qu’en parvenant à son cœur qu’il reconnaît enfin sa sœur la perdrix et qu’il sombre dans un profond désespoir. 



Sources :
Les quatre contes islandais que j’ai postés depuis le 25 août sont tirés du livre suivant :

Contes populaires d’Islande, traduction de Régis Boyer, Editions Forlagid Reykjavik, 2010

J’ai librement retranscrit les textes de l’ouvrage, le copyright mentionné au bas de la quatrième page ne m’autorisant pas à les copier tels quels,  «sans autorisation écrite de l’éditeur ou des auteurs».

Il s’agit des chapitres suivants :
La Rivière Öxara (p. 96)
Trunt, Trunt et les Trolls de la Montagne (p. 38)
La Sorcière de Saxe (p. 60)
La Perdrix des Neiges (p. 86)

jeudi 9 septembre 2010

Contes islandais (3)



Les volcans islandais fascinent le voyageur ... et accessoirement clouent au sol toute l’aviation européenne !
L’Islande compte 250 volcans actifs dont certains sous-glaciaires (comme le Eyjafjallajökull connu du monde entier depuis ce dernier printemps). Il faut s’attendre en général à une éruption tous les cinq ans.

Certains d’entre eux sont faciles d’accès : le Hverjall, «un très haut tas de gravier» (cf. Petit Futé) que l’on peut gravir facilement ; le Krafla dont les champs de lave de l’éruption 1984 fument encore.







Le plus actif est le Hekla situé juste au nord du Eyjajfallajökull (dernière éruption en février 2000).

D’autres volcans, par contre, nécessitent un équipement automobile haut gamme tels les 4X4. Ainsi, pour se rendre à Askja (dernière éruption en 1961), la piste F88 se caractérise par un parcours de 100km entre déserts, champs de lave et passages de rivière à gué.

Lac Viti en 2005
le même en 2010!
Histoire

Quand Saemundur, le prêtre, accosta en Islande, subjugué par l’importance de sa mission, il eut vite fait d’oublier un engagement d’importance : il avait promis à une sorcière qu’il avait connue en Saxe de l’épouser à son retour.
Saemundur ne revint pas et la sorcière comprit qu’elle ne le reverrait jamais.
Pour se venger, elle prépara un coffre en or et le confia à un équipage très diligent afin qu’il le remette au plus vite à son fiancé déloyal. Elle ordonna que personne d’autre que lui n’ouvre le coffre.  Les marins traversèrent les mers en un temps record. Ils confièrent le cadeau à un domestique qui se chargea de l’amener à Saemundur.
Le prêtre était dans l’église lorsque le messager arriva à Oddi. Saemundur ne fut pas surpris du présent —comme s’il s’y attendait — et remercia l’homme avec amabilité. Il fit déposer le coffre sur l’autel et l’y laissa toute la nuit. Le lendemain matin, Saemundur emporta le coffre en or en galopant jusqu’au sommet du Mont Hekla. Il jeta le présent de la sorcière au fond d’une crevasse. On dit que, depuis ce temps-là, du Hekla jaillissent cendres et laves...  



Géothermie utile...

mercredi 1 septembre 2010

Contes islandais (2)


À côté de nos glaciers alpins, les jökull islandais sont de véritables monstres. Osons quelques comparaisons :
- Vatnajökull et ses langues glaciaires : 8 456 km2
- Les glaciers du massif du Mont-Blanc : 400 km2
- Glacier d’Aletsch (Vallée du Rhône) : 128 km2





Ce jour-là, au pied du Fjallsjökull, —qui est une langue glaciaire du Öraefajökull qui, lui, est un très proche voisin du Vatnajökull—, le froid était terriblement accablant. Un souffle d’air gelé descendait de la ligne d’horizon du glacier. Maintenir son appareil de photo relevait de l'exploit car un vent violent continu nous empêchait de garder notre équilibre. On aurait dit que les Esprits du glacier cherchaient à nous impressionner...




Histoire
À la cueillette de lichens, deux jeunes gens s’y rendirent. Le soir venu, ils montèrent leur tente afin de passer la nuit à l’abri du vent glacial.
L’un s’endormit très vite, l’autre (on ne sait pourquoi) resta éveillé.
Bien lui en prit car il réalisa rapidement que son compagnon, dans son sommeil, glissait hors de la tente en rampant. Celui-ci continuait à avancer par-dessus le tapis de lichens pour grimper ensuite à plat ventre sur les séracs du glacier.
Le jeune homme éveillé tenta de le retenir, mais n’y parvint pas, comme si une force insurmontable attirait son compagnon.





Levant les yeux, il aperçut, juchée sur un des pics bordant le glacier, une femme troll qui tendait en avant ses deux bras et les repliait sur sa poitrine. Elle répéta ce geste plusieurs fois jusqu’à ce que le jeune homme endormi soit parvenu auprès d’elle. Alors, la femme troll le saisit des deux mains, le plaqua sur sa large poitrine et s’enfuit avec son prisonnier.
L’année suivante, à l’époque de la cueillette de lichens, les gens du hameau rencontrèrent le jeune homme enlevé par la femme troll et échangèrent de loin avec lui quelques mots.
La troisième année, la rencontre eut à nouveau lieu, mais le prisonnier n’émit que quelques grognements.
La quatrième année, les gens aperçurent sur la lande une forme humaine qui ressemblait de plus en plus à un troll.

Il fut décidé au village que plus personne ne devait se rendre à cet endroit pour cueillir du lichen, et ceci pendant de nombreuses années. 



Lagon de Jökulsarlon

mercredi 25 août 2010

Contes islandais (1)




Il est une rivière nommée Öxara qui s’écoule du nord-est au sud-ouest dans le site majestueux de Thingvellir. Cette région est reconnue par l’Unesco en tant que patrimoine à préserver. Le site est intéressant du point de vue géologique car ses failles marquent le rift qui sépare la plaque tectonique de l’Europe de celle de l’Amérique du Nord.
D’autre part, Thingvellir revêt une importance nationale pour les Islandais car ce lieu a abrité dès 930 (jusqu’en 1798) le premier Parlement du monde. Les chefs de clans se réunissaient en été en une assemblée en plein air : l’Althing.







Histoire
Selon une ancienne croyance, l’eau de l’Öxara, une fois par année, se transforme en vin.
Deux hommes d’église en auraient fait l’expérience.
Voici comment : alors que les deux pasteurs se préparaient pour le sermon du jour de l’An, le plus jeune se rendit à minuit au bord de la rivière et, pour se désaltérer, remplit une bouteille avec l’eau de la rivière. De retour au logis, il s’aperçut que le contenu du flacon avait pris la couleur du vin. Tout de même étonnés, les deux pasteurs dégustèrent un nectar délicieux. Ils déposèrent la bouteille sur le bord de la fenêtre et en peu de temps, le liquide reprit l’apparence de l’eau.
Les deux hommes de foi décidèrent de revenir sur les lieux l’an prochain, à la même période, afin de renouveler l’expérience.
Ainsi, l’année suivante, à minuit, le plus jeune pasteur alla remplir sa bouteille à la rivière et de retour à la maison, il réalisa que le liquide avait cette fois la couleur du sang. En effet, en goûtant ce breuvage, il n’eut aucun doute : c’était bien du sang. Il écarta la bouteille sur le rebord de la fenêtre. Or, en quelques instants, le contenu avait repris la couleur d’une eau limpide.

Depuis ce temps-là, on suppose que l’Öxara devient sang lorsqu’il y a beaucoup de victimes durant l’Althing. On pense aussi que, cette année-là, durant l’Althing, il y eut une grande bataille.



lundi 16 août 2010

Quand les voyageurs sont de retour...



Voilà deux semaines que je suis rentrée d'Islande. Je me disais que, le temps de déposer mes bagages et celui de retrouver mes repères, je parviendrais peut-être à reprendre le cours de la vie tranquille et à créer un article susceptible d’intéresser les lecteurs. 

Or, les martinets vont bientôt s’envoler et ma page est toujours blanche.

La quotidienneté est envahissante et les excuses face aux exigences de l’écriture tombent du ciel.

Enfin, le travail d’élaboration s’est fait en sourdine : de quoi vais-je parler ? par quel thématique commencer ? Car, bien entendu, le séjour islandais fut riche à souhait : rencontres, impressions, images et sensations.

Je dirais, pour commencer :

«Au pays des trolls les fleurs sont si romantiques...»


La plus lumineuse sans doute est l’Epilobe à larges feuilles. En anglais, son nom correspond mieux à la première impression qu’elle m’a donnée : Arctic RiverBeauty. Impossible de l’ignorer : son rose éclatant attire de loin mon regard. En touffes isolées ou groupées en une large plate-bande, je la rencontre toujours en un lieu humide sans qu’elle ait les pieds dans l’eau.



Chamerion latifolium
Lieu: Dettifoss


Le nez au sol, j’ai été à la recherche constante des orchidées sauvages. Les Platanthères hyperboréales, que j’avais déjà rencontrées, il y a cinq ans, ont répondu à mes voeux : bien plus nombreuses, leur floraison était juste à point pour effectuer leur portrait.
De plus, placée en évidence non loin d’une colonie de platanthères, une de leurs cousines dressait sa tige et ses fleurs teintées de brun et de pourpre. Je ne l’ai aperçue qu’une seule fois, l’Orchis grenouille.


 Platanthera hyperborea


Coeloglossum viride islandicum
Lieu: Skaftafell



Assise au bord d’une rivière à observer les tentatives d’un garrot arlequin à franchir une cascade, je réalisai soudain que j’étais entourée de magnifiques fleurs pourpres que j’avais confondues de loin à la Benoite des ruisseaux. Au lieu de cloches tombantes, c’étaient en fait des Potentilles des marais, appelées aussi Comaret, fleurs épanouies me révélant leurs étamines brillantes.


 Comarum palustre
Lieu: Myvatn



Répandu en sous-bois ou sur les pentes herbeuses, le Géranium des bois ne cesse de me captiver. Selon la luminosité ambiante, ses teintes violet mauve prennent des tons pastel qui font rêver les poètes. C’est pourquoi je l’apprécie et ne me lasse jamais de le photographier.


Geranium sylvaticum
Lieu: Skaftafell


J’ai un seul défaut lorsque je réalise des photographies macro : j’oublie trop souvent d’effectuer des prises de la fleur entière. Ainsi sa détermination est aléatoire ou impossible car la vue des feuilles est absente. Je nommerai donc cette fleur que j’ai admirée dans sa solitude sablonneuse, la Belle Inconnue !


Lieu: Reykjavik

Enfin, j’offre aux lecteurs qui m’auront suivie jusqu’ici la meilleure image que j’ai réalisée du Thym arctique, une plante qui m’a donné un mal fou chaque fois j’ai voulu la photographier : elle est très basse, à ras du sol.  De profil, je rencontre un problème de profondeur de champ et, en plongée, la netteté me joue souvent des tours.



Thymus praecox arcticus
Lieu: Thingvellir