mardi 29 septembre 2009

Pour en finir avec la pomme...




Cette pomme-là a semé la zizanie et continuera à provoquer des disputes, des bagarres. On l’appelle
la Pomme de Discorde.

En vérité, il est faux d’attribuer au fruit l’entière responsabilité des querelles ou des guerres. Bien qu’elle soit en or et qu’elle attire toutes les convoitises, seul le Manipulateur —au féminin, cela existe aussi— est la source réelle des désaccords. De sa main ou de sa parole traîtresse, il (elle) sait allumer le feu de la rancune, de la jalousie, de la colère et enfin de la vengeance.

Une légende de la mythologie grecque est à l’origine de cette expression.

“Aux noces de Thétis et de Pélée, futurs parents d’Achille, une déesse ne fut pas conviée. Et pour cause : personnifiant la désunion, Eris, appelée aussi Discorde, ne possédait pas les dons qui auraient pu alimenter la corbeille de mariage. Fâchée, Eris-Discorde jeta sur la table des autres déesses du panthéon grec une pomme d’or qui portait l’inscription suivante : «A la plus belle !»
Les disputes furent telles que Zeus choisit un humain, en l’occurrence le jeune berger Pâris, afin que celui-ci désigne la plus belle des déesses.
Héra, la reine des déesses ?
Athéna, la déesse de la guerre ?
Aphrodite, la déesse de l’amour ?
Subjugué par la beauté d’Aphrodite, Pâris lui remit la pomme d’or et acquit de ce fait sa protection et son affection.

Si l’histoire s’était arrêtée là, on pourrait penser que la discorde ne fut qu’un événement passager. Or, Héra et Athéna eurent l’opportunité de se venger de cet affront.

En effet, Pâris était en réalité le fils du roi de Troie. Aphrodite l’aida à séduire et à enlever Hélène, la femme du roi grec Ménélas. La guerre de Troie fut terrible chez les humains et la bataille dans les cieux de l’Olympe eut elle aussi un grand retentissement. Héra et Athéna, soutenant les Grecs, contribuèrent à la défaite des Troyens.”

lundi 21 septembre 2009

Petit florilège de dictons météorologiques pour passer en automne





Bel automne vient plus souvent
Que beau printemps.


Automne en fleurs,
Hiver plein de rigueurs.


Brouillard d’automne
Beau temps nous donne.


Après le pain, le vin :
Août mûrit, septembre vendange,
En ces deux mois tout bien s’arrange.


À la Sainte-Justine,
Toute fleur s’incline.
(26 septembre)


À la Saint-Jérôme,
Hoche tes pommes.
(30 septembre)


À la Sainte-Simone.
Il faut rentrer ses pommes.
(28 octobre)


Quand la poire passe la pomme,
Garde ton vin jusqu’à l’automne.


Vent d’octobre est la mort des feuilles.

jeudi 17 septembre 2009

P comme ... tomber dans les POMMES!








Pourquoi cette expression ?

Le sens de cette expression n’est plus à expliquer : tout le monde sait qu’elle indique un collapsus aboutissant à une perte de connaissance, à un évanouissement.
Encore faut-il distinguer la différence entre «Tomber dans les pommes» et «Tomber en pâmoison». La seconde expression (peu usitée actuellement) indique une situation qui résulterait d’une forte émotion alors qu’un dysfonctionnement physiologique est à l’origine de l’évanouissement dans le cas de figure de la première expression.

D’où vient cette expression ?
Le sens de la formule ne prêtant plus à confusion, il est temps de s’attarder sur son historicité. En effet, dans le cercle des chercheurs en littérature française, deux courants d’interprétation s’affrontent.
D’une part, certains spécialistes en la question estiment que George Sand serait à l’origine de l’expression. Dans une de ses lettres (à Madame Dupin), l’écrivaine aurait écrit «être dans les pommes cuites» pour exprimer sa fatigue. Actuellement, on dit d’un petit enfant qui tombe de fatigue qu’il “est cuit”.
D’autres chercheurs, entre autres Claude Duneton (in La puce à l’oreille), avancent l’hypothèse que les prémices de «tomber dans les pommes» sont déjà observables dans la littérature française médiévale.

Mon choix d’interprétation
Je reconnais ici que mon intérêt de connaissance (très subjectif) se tourne du côté de la deuxième théorie. D’une part, je suis une lectrice passionnée par les textes de Duneton : il sait prendre des précautions lorsqu’il avance une idée et, en utilisant le conditionnel dans son discours, il ne ferme pas les diverses possibilités de compréhension d’un phénomène ce qui est tout de même la voie d’une recherche dite scientifique.
D’autre part, je doute fort qu’une expression telle que celle-ci —dont la forme est saugrenue par rapport à son sens— naisse ainsi au milieu du XIXe siècle, sans référence à une éventualité plus ancienne. De plus, l’idée de “tomber dans les pommes” n’implique pas que celles-ci soient forcément “cuites”. George Sand n’aurait-elle pas réactualisé une expression qui était tombée en désuétude ?

L’origine possible de l’expression «tomber dans les pommes»
(selon Claude Duneton)
Il faut emprunter la machine à remonter le temps jusqu’au XIIe siècle. En littérature médiévale, c’est le temps des récits courtois, du roman de Tristan et Iseut, des légendes arthuriennes. Les grands écrivains de l’époque sont Thomas d’Angleterre, Chrétien de Troyes, et...

Marie de France
«notre première femme poète» (dixit Lagarde & Michard), vers 1160. Elle était cultivée, connaissait le latin et l’anglais, vivait à la cour d’Angleterre sous Henri II et Aliénor d’Aquitaine. Elle a écrit des “lais”, poèmes reprenant des légendes du pays breton.

C’est dans un de ces poèmes que Claude Duneton a mis le doigt sur une des sources possibles de notre expression.

Marie de France, dans Les Deux Amants, fait le récit d’un drame d’amour.
Un jeune garçon meurt d’épuisement d’avoir porté son amante au sommet d’une colline. La jeune fiancée succombe elle aussi à la vue de son amant mort. Le père de la fiancée, qui était roi, ne les voyant pas revenir, part à leur recherche. Lorsqu’il les retrouve,

«Li reis chiet a tere paumez»


Paumez est une ancienne forme de pasmé (pâmé, évanoui), la paumeison étant le mot ancien de pâmoison.
Claude Duneton met en relation le fait que le texte original de Marie de France est en anglo-normand et les constats qu’il a pu effectuer lors d’une étude entreprise en Normandie actuelle dans un contexte rural. A savoir que le dialecte normand utilise toujours le mot «paumé» pour «pâmé». De là, l’expression

tomber dans les pommes
dérivé de
tomber dans les paumes

CQFD


(A SUIVRE, encore)

vendredi 11 septembre 2009

Ma pomme, c'est moâ â â â!




« Ma pomme, c’est moi
J'suis plus heureux qu'un roi
[...] pour être heureux comme,
Ma pomme,
Ma pomme,
Il suffit d'être en somme
Aussi peinard que moi.»








En 1936, Maurice Chevalier chantait cette rengaine.
Rappelez-vous, c’était du temps où “tout allait très bien, Madame la Marquise”. À croire que les auteurs compositeurs de cette époque avaient besoin de conjurer le sort ou de consoler le peuple.

Oui, j’aime la chanson française.
Oui, j’aime aussi les fruits de l’automne.
Oui, j’aime encore mieux confectionner des gâteaux aux pommes.

Alors, en clin d’œil à tous les blogueurs et toutes les blogueuses gourmets et gourmands, je vous parlerai de la reine de l’automne, avant la châtaigne, j’ai nommé LA POMME !

Celles de mes deux pommiers tombent malheureusement avant maturité : ou elles sont véreuses, ou les fourmis les colonisent déjà sur l’arbre. Il semble que les soins bio que nous apportons à notre jardin n’ont pas été satisfaisants cette année.
Aussi la quantité de pommes que je vais pouvoir conserver n’est pas proportionnelle au nombre d’expressions populaires que j’ai pu récolter ici et là.
Car, la POMME, reine de la table et des récréations scolaires, a aussi nourri l’imaginaire populaire et suscité des comparaisons cocasses. Voyez plutôt :


aux pommes = délicieux

bonne pomme = se dit d’une personne facile à duper

haut comme trois pommes = de petite taille

jeter des pommes cuites à quelqu’un = l’injurier

c’est pour ma pomme = c’est pour moi

ma, ta, sa pomme = moi, toi, lui

se sucer la pomme = s’embrasser


(A SUIVRE)