mercredi 29 février 2012

L'esprit des bois

(03)




L’esprit des bois

La vie dans les bois ressemble étrangement à celle qui est perçue dans les rêves. Parfois elle semble apaisante, source d’accord entre le réel et l’imaginaire. Par ailleurs, elle peut revêtir des formes angoissantes ou incertaines là où les sens se nourrissent d’affabulations mentales.

Alors que la forêt semble momentanément désertée par la présence humaine, on peut entendre comme un murmure qui se transforme en chuintement et qui se propage d’arbre en arbre.
Serait-ce le vent ? Le son du vent est un chant, une mélodie appauvrie mais tout de même pourvue de quelques notes tenues et variables, nombreuses si l’intensité du vent est grande.  
Le ru dans le ravin ? Le bruit de l’eau se heurtant aux galets contient des sons qui se chevauchent, multiples et parfois ténus.

L’esprit de la forêt est à la fois un son continu, une respiration perceptible lorsque les activités humaines sont inexistantes. Pour mieux saisir cette essence, il est préférable de s’asseoir au pied d’un arbre, le dos appuyé contre le tronc. Au bout de quelques minutes, on ressent une vibration le long de la colonne vertébrale : le murmure perçu auparavant s’accompagne également d’un mouvement oscillatoire.

Lorsque je m’aventure sur des entiers escarpés et que mon souffle devient court, je m’arrête auprès d’un grand et vieil arbre (dernièrement ce fut un arolle), je m’appuie des deux mains contre son écorce, le temps nécessaire, et je récupère l’énergie que j’avais perdue dans la pente.     
  

5 commentaires:

Chris a dit…

Un joli cote digne des plus belles sagas islandaises ;-) Superbe!

Plantine a dit…

Tout-à-fait d'accord avec toi et il y a autant d'ambiances que de bois.
Celui-là fait peur, celui-ci rend lyrique, un autre donne envie de chanter, de communiquer avec les oiseaux et cet autre laisse pantois par la taille des arbres qui le composent.
Dans les bois, on redevient comme on aurait jamais dû cesser d'être : 'animal' ! ☺

Zipanu a dit…

C'est ressourçant comme billet.

Ressentir le sacré à travers le jeu des ombres et des lumières c'est ce que je recherche dans mes balades forestières.

Bien belle et étrange photo, on dirait une main verte. :)

Oxygène a dit…

Bonsoir Monic. il y a une éternité que je ne suis pas venue te lire... Je ne recevais plus les annonces de tes articles... Je ne sais pas pourquoi...
C'est parce que tu es passée sur mon blog il y a quelques jours que je suis revenue chez toi et je vois que j'ai raté beaucoup de pages....

J'aime beaucoup ce que tu dis des arbres d'autant plus que je les aime. La forêt est vivante , effrayante parfois c'est vrai, et apaisante aussi à d'autres moments, mystérieuse en tout cas.
Je ne connais pas l'arolle et suis allée voir sur Google ce qu'ils en disaient. Les pins sont des arbres superbes et majestueux et je comprends qu'ils puissent redonner de l'énergie.
Bises et bonne nuit à toi :-)

monic a dit…

@ Chris
Merci pour le compliment, mais je n'arrive pas à la cheville des conteurs is. pour ce qui est du surnaturel... Il est vrai que l'ambiance de ton île m'inspire encore beaucoup.

@ Plantine
Je vois que nous ressentons les mêmes effets au contact des arbres
Au lieu d'«animal» je propose «animé» car il me semble que les événements actuels peuvent nous rendre “autistes”: nous avons besoin de ces géants pour nous recentrer.

@ Zipanu
«Ombres et lumières», c'est tout à fait ça! En quelques secondes on passe d'un monde à l'autre.
La main verte, voilà un arbre inversé.

@ Oxygène
Ton commentaire m'a insufflé l'idée qu'il fallait que je parle davantage de cet arbre extraordinaire. Le post de ce jour est dû à ton intervention, merci de me l'avoir suggéré implicitement. Je n'ai pas de photo de celui contre lequel je me suis appuyé, je n'avais pas assez de distance et il faisait très sombre.