dimanche 9 octobre 2011

Lettre à Anémone



Chère Anémone,

Ton apparition —il y a de cela deux semaines — m’a réjouie et fort surprise. Ta robe dentelée de  vert, détonnant parmi tes voisines déjà habillées de jaune ou de brun, semblait émerger d’un temps, hélas révolu.

Quelle tentation t’a-t-elle ainsi gagnée à l’aube d’un automne inéluctable ? Goûter la rosée matinale d’un jardin enclin à la préparation du repos hivernal? Humer le parfum sucré des coings parvenus à maturité ?

Je crois plutôt que le chant des mésanges —celui qui ressemble étrangement au besoin de rassemblement printanier — a aiguisé définitivement ta curiosité. Ta magnifique corolle violacée a surgi de dessous le manteau et, au même instant, tu as pu assister pour la première fois de ta vie à l’arrivée de nos rouges-gorges. Et sous tes yeux, ceux-ci ont accompli leur premier bain dans le bassin destiné pourtant en priorité aux rouges-queues.

Et te voilà, t’allongeant dans tous les sens, interpellant tes amies à en faire autant. Je te reconnais, tu es bien Anémone, la pulsatille du printemps.
Ne t’es-tu pas trompée de saison, à moins que tu nous annonces qu’il n’y aura pas d’hiver cette année ?