dimanche 31 octobre 2010

A l'été de la Saint-Martin

Quelques dictons d'automne: 


Le mois des brumes réchauffe par devant
Et refroidit par derrière.



Vent de Toussaint
Terreur de marin.








A la Toussaint les blés semés
Et tous les fruits serrés.






A la Toussaint
Commence l’été de la Saint- Martin.

mercredi 27 octobre 2010

Ballenberg: dernières cartes postales




«Au Ballenberg, il était une fois la Suisse. Plus de 100 maisons originales, vieilles de plusieurs siècles, provenant de toutes les régions du pays, deux cent cinquante animaux de ferme de races indigènes, des jardins et des champs entretenus comme autrefois, des démonstrations d’artisanat traditionnel et de nombreuses manifestations thématiques vous permettront de revivre le passé «comme si vous y étiez»!

Page d'accueil “Bienvenue” du site
www.ballenberg.ch Musée suisse de l'habitat rural


La saison touristique prend fin dans quelques jours au domaine de Ballenberg. Les portes des maisons, des étables et des ateliers  resteront closes durant tout l’hiver. Avec leurs volets fermés et leurs cheminées glacées, les belles demeures retrouveront le silence éternel d’autrefois.
Le Passé tire sa révérence durant cinq mois.



Cette année encore, j’ai succombé à la tentation de visiter ces lieux désuets. Leur rusticité ainsi que leur charme me permet d’effectuer un travail de mémoire. Même si je n’ai pas connu les conditions de vie décrites dans ces différentes demeures, j’ai eu l’occasion d’écouter les récits des anciens : grands-parents, oncles et tantes ont su nous raconter les gestes et les objets qui ont habité leur quotidien.



Rustique, disais-je. Lorsque je revois la citerne devant la maison jurassienne, à côté de son jardin potager, je réalise une fois de plus que la notion de Temps a changé. Quelle différence entre le simple geste d’ouvrir le robinet de la cuisine et toutes les activités pour prélever l’eau de la citerne: prendre une jarre, se rendre au puits, faire coulisser la chaîne, remonter le seau plein...



Charmant, disais-je. Tout ce qui est ancien, souvent obsolète, comme le jeu de plots aux faces recouvertes d’images ou la dînette en fer, tout ce qui appartient au temps du musée a du charme car les objets devenus ici inutiles sont restés beaux. Je m’interdis de comparer ces meubles ou ces ustensiles  anciens à ce qui fait l’efficacité de ma cuisine moderne, sinon le charme se rompt : les vieux objets révèlent leurs défauts au lieu de conserver leur valeur d’œuvre d’art ... d’une époque lointaine.



La déambulation dans les couloirs, les chambres et les caves se fait sans crainte : ni seuil fendu ni escalier tronqué. Le travail de reconstitution  a été réalisé avec soin et précision. D’ailleurs, je n’ai ressenti aucune présence de fantômes ou d’hôtes revenants. Les maisons, provenant des quatre coins du pays, ont été démontées poutre après poutre. Les pierres des murs descellées et numérotées ont probablement découragé les esprits à accompagner la demeure sur un autre sol !



D’ici peu de temps, la neige recouvrira les toits, mais les cheminées ne fumeront pas : c’est le sort de tout habitat appartenant à un musée, à un passé définitif.







Ballenberg, Musée suisse de l’habitat rural
Clôture 31 octobre 2010
Ouverture 15 avril 2011

vendredi 15 octobre 2010

Derrière les carreaux...



... une ombre s’efface et les rideaux retombent avec légèreté.

Sous ses paupières à demi fermées, le passant a senti un regard inquisiteur et méfiant.
Il ne fait pas bon s’aventurer de ce côté lorsqu’on est l'«étranger».

Il vient pourtant du village voisin, celui que chacun peut atteindre à condition de franchir la rivière par le pont des amants noyés.
Sombre histoire. Un gars du village de l’est avec une fille du hameau de l’ouest : ils s’aimaient.
On les a retrouvés à trois kilomètres en aval, leurs corps accrochés aux branches du rivage. Un accident, ou un homicide.
Depuis le drame, les habitants des deux villages ne se parlent plus. La douleur et la souffrance les ont tous éloignés dans la peur, dans la méfiance vis-à-vis de l’autre. La rivière, pourtant si belle, forme une frontière mentale au-delà de laquelle l’espace est synonyme de danger.

Derrière les carreaux, de part et d’autre du pont des amants noyés, chacun se tient à carreau : homme, femme et enfants sont sur leur garde. 
Redoutent-ils un acte de vengeance ou se préparent-ils à une expédition punitive ?
Au pays des arbalètes, les flèches, appelées aussi carreaux, sont toujours affûtées.

lundi 4 octobre 2010

Vendémiaire rouge






Dernière image d’une parcelle d’été
Sur le sable encore chaud
les uns achèvent leur château

Tandis que les flamants passent et repassent
Roses et blancs dans l’eau frissonnante




Est-ce de la feuille ou de la graine
que jaillit son plus grand orgueil ?

A l’aube de la saison embrumée
l'inconnue achève sa course au soleil