mercredi 1 septembre 2010

Contes islandais (2)


À côté de nos glaciers alpins, les jökull islandais sont de véritables monstres. Osons quelques comparaisons :
- Vatnajökull et ses langues glaciaires : 8 456 km2
- Les glaciers du massif du Mont-Blanc : 400 km2
- Glacier d’Aletsch (Vallée du Rhône) : 128 km2





Ce jour-là, au pied du Fjallsjökull, —qui est une langue glaciaire du Öraefajökull qui, lui, est un très proche voisin du Vatnajökull—, le froid était terriblement accablant. Un souffle d’air gelé descendait de la ligne d’horizon du glacier. Maintenir son appareil de photo relevait de l'exploit car un vent violent continu nous empêchait de garder notre équilibre. On aurait dit que les Esprits du glacier cherchaient à nous impressionner...




Histoire
À la cueillette de lichens, deux jeunes gens s’y rendirent. Le soir venu, ils montèrent leur tente afin de passer la nuit à l’abri du vent glacial.
L’un s’endormit très vite, l’autre (on ne sait pourquoi) resta éveillé.
Bien lui en prit car il réalisa rapidement que son compagnon, dans son sommeil, glissait hors de la tente en rampant. Celui-ci continuait à avancer par-dessus le tapis de lichens pour grimper ensuite à plat ventre sur les séracs du glacier.
Le jeune homme éveillé tenta de le retenir, mais n’y parvint pas, comme si une force insurmontable attirait son compagnon.





Levant les yeux, il aperçut, juchée sur un des pics bordant le glacier, une femme troll qui tendait en avant ses deux bras et les repliait sur sa poitrine. Elle répéta ce geste plusieurs fois jusqu’à ce que le jeune homme endormi soit parvenu auprès d’elle. Alors, la femme troll le saisit des deux mains, le plaqua sur sa large poitrine et s’enfuit avec son prisonnier.
L’année suivante, à l’époque de la cueillette de lichens, les gens du hameau rencontrèrent le jeune homme enlevé par la femme troll et échangèrent de loin avec lui quelques mots.
La troisième année, la rencontre eut à nouveau lieu, mais le prisonnier n’émit que quelques grognements.
La quatrième année, les gens aperçurent sur la lande une forme humaine qui ressemblait de plus en plus à un troll.

Il fut décidé au village que plus personne ne devait se rendre à cet endroit pour cueillir du lichen, et ceci pendant de nombreuses années. 



Lagon de Jökulsarlon

13 commentaires:

Plantine a dit…

Tout d'abord Monic, un grand bravo pour l'écriture de tous ces noms islandais bien compliqués.
Puis un autre grand bravo pour tes photos qui sont extraordinaires ; d'accord, les paysages le sont aussi, mais, y'a du talent là-dedans !
J'aime bien la 2ème photo ; on dirait qu'un animal préhistorique (à g) fait la causette à une tortue !
Cette légende fait peur ... mais c'est fait pour, non ?

Foise a dit…

Ton récit me fait songer à la Vouivre et à Marcel Aymé...
C'est fou comme on a toujours aimé les histoires qui font peur...

Christineeeee a dit…

Oh... monic... comme j'aime ces photos de glacier qui me font penser à notre balade de l'année dernière en Suisse. J'adore les glaciers et je rêve d'en voir un aussi grand, et que dire des montagnes sublimes, leur paysages à tomber par terre tellement c'est beau !
Ton histoire de troll me fait penser à la BD "Trolls de Troy" : connais-tu ?

http://www.soleilprod.com/images/albums/big/525.jpg

Merci encore pour ces belles histoires.

Biseeeeeeeeees de Christineeeeee

Zipanu a dit…

C'est peut être le célibat qui fait peur dans un pays aussi stérile, comme quoi il faut se marier vite, sinon la troll te choppe et t'emporte et tu ne deviens plus qu'une bête sauvage dans la froidure du manque d'affection, lol.

En tout cas une bonne idée d'histoire pour conserver ses coins à champignons, il ne reste plus qu'à faire fonctionner notre imagination, lol.

C'était sympa, une histoire et de belles images, de quoi raviver notre âme d'enfant.

Laurène a dit…

Quel conte incroyable ! Bravo et merci du partage...L'Islande se prête tellement à toutes ces légendes !
A bientôt

monic a dit…

@ Plantine
Je regrette toutefois de ne pas avoir à disposition un clavier islandais car certaines lettres sont uniques dans cette écriture et les noms seraient encore plus beaux à lire.
Je suis ravie que la deuxième photo te parle: je pensais aussi à deux êtres fantastiques qui se rencontrent...

@ Foise
On est resté des enfants, n'est-ce pas? As-tu aussi craint les “habitants” qui dormaient sous ton lit?

@ Christine
J'aime aussi les glaciers... mais de loin: je ne marcherai plus jamais sur ces étendues monstrueuses: je crois que j'ai trop lu de Frison Roche!!
Mais c'est vrai qu'avec un jeu de lumière et ombre, il vaut la peine de tenter des clichés.
Je te remercie pour les références du site “trolls”, je suis très intriguée.

@ Zipanu
Tes explications sont très drôles: il te faut du pragmatisme dans les contes.
Pour tes coins à champignons, à préserver, tu pourrais simplement utiliser ta cape d'invisibilité, comme Harry Potter...

@ Savoyarde
L'oeuvre de Corinna Bille met en scène des personnages fantastiques ainsi que des histoires terribles où la mort est fréquente: or, toutes ses histoires ont pour terrain les vallées du canton du Valais.

Merci à tous pour votre passage: je m'aperçois que les contes sinistres rencontrent beaucoup d'attention ou d'intérêt.

un peu de tout a dit…

Photos superbes,douces,jolies couleurs et remplies de poésies.
Quel beauté....j'aime beaucoup celle du milieu,conversation entre une tortue et un animal assez important de la mer!
ça donne envie d'y aller.
Bisous et douce journée.
Thérèse.

monic a dit…

@ Thérèse
... et tu y trouveras des sujets étonnants à saisir, comme tu les aimes! Il faut y aller.
Merci pour ta visite.

http://monerbier.canalblog.com/ a dit…

On me disait, chaque soir, en me bordant, de bien mettre mes bras sous les couvertures sinon le vieux allait passer me les couper... Il aura fallu ta réponse pour que ce souvenir remonte à la surface...
Je m'imagine mal dire des choses pareilles à mes petits enfants...

lejardindelucie a dit…

Moi je suis une éternelle optimiste et je préfère les histoires qui finissent bien !J'aime ta dernière image, le ciel bleu, de jolis nuages peu agressifs qui reflètent dans l'eau et donnent une image plus paisible de ce magnifique paysage!
Pour te répondre au sujet des guêpes qui font leur nid à proximité de mes lieux "habités", je les tolère, si elles ne me dérangent pas! Il est sûr que si des enfants vivaient avec nous, il n'en serait pas question ! Nous avons une seule fois bouché un nid de frelon en construction sur la terrasse: ils ont abandonné le lieu!
Là j'ai bien repéré les lieux qu'elles fréquentent et je sais que d'ici un mois il n'y aura plus personne!
Bonne semaine!

nadège a dit…

malgré les conditions climatiques le spectacle devait être magnifique, on doit en prendre plein la vue, splendide tes photos
ps : le mot de vérif était patiner, ça ne s'invente pas ! :)

monic a dit…

@ Foise
L'histoire du Chaperon Rouge ou de Barbe Bleue, je trouve que c'est plus doux, ah ah!

@ Lucie
La dernière photo a toute une histoire: on allait repartir sans faire de photos car tout était sombre, pas de lumière, etc. Tu connais ce genre de situations, sans doute. Comme j'aime m'attarder et contempler les paysages, l'AN dans son étui, une éclaircie a surgi au-dessus de glacier, d'où le reflet sur le lagon. Ainsi notre visite s'est prolongée, malgré le froid et le vent.
Une histoire qui finit bien pour toi.
PS Merci pour tes explications sur les guêpes et frelons.

@ Nadège
“plein la vue chaque jour”: mon fils qui visitait l'Is. pour la première fois, disait “une claque chaque jour”!
Patiner? Ben, ce n'est pas tellement possible, un glacier ça trompe énormément...

Merci pour votre fidélité.

Chris a dit…

J'ai raté la suite des tes messages en raison de vacances francaises. Juste un petit coucou rapide pour te dire que celui-ci est superbe et ressmeble un peu au dernier que j'ai publié, l'histoire en moins ;-)