mercredi 22 avril 2009

B comme bâiller ou bayer!



Ne confondez pas, comme moi, bâiller et bayer, deux homonymes homophones mais pas homographes.
Le premier, bâiller, sert à exprimer un moment d’ennui ou un sentiment de fatigue alors que le sommeil vous guette déjà. Concrètement, la bouche s’étire verticalement, les yeux se ferment et un profond soupir s’échappe de vos lèvres. Votre hôte qui prenait plaisir à vous raconter ses vacances aux Seychelles interrompt son monologue et vous propose diplomatiquement un jus de fruit (pour vous aider à tenir le coup). Ne dites pas que vous n’avez jamais connu cette situation.

Le deuxième, bayer, concerne peut-être davantage les enfants. En effet, si vous surprenez votre fils, votre fille, immobile (pour une fois), les yeux dans le vague ou lisant la ligne de l’horizon, la bouche grande ouverte, c’est qu’il (elle) baye… aux corneilles !
Je cite La Puce à l’oreille, l’ouvrage de Claude Duneton, qui est une véritable mine d’or :
«… bayer, de l’ancien baer, ou béer, qui est tenir la bouche ouverte, de surprise ou d’innocente attention, lequel a donné la bouche bée, la gueule béante, les badauds (par l’occitan badar), et les bégueules (bée gueule) !»

Pourquoi aux corneilles ? Selon Duneton, ces oiseaux sont en l’air et l’expression du visage est «encore moins futé[e]».
J’aurais une autre proposition, toute personnelle et subjective, induite par l’observation des corneilles par un jour de grande chaleur. J’avais remarqué que quelques-unes, en plein midi, s’étaient posées sur le gazon d’un parc qui venait d’être humidifié. Elles s’étaient aplaties au sol, les ailes écartées et le bec ouvert : elles haletaient. Maintenant que je me remémore cet incident, je trouve qu’il y a une analogie avec l’expression bayer aux corneilles.

9 commentaires:

Unknown a dit…

Bien plus passionnant que la séance diapo de mes voisins sur leur périple dans le Vercors, ton article. Je me suis toujours demandée ce que les corneilles venaient faire dans cette histoire, et je repars d'ici plus instruite. Je regarderai ces volatiles avec plus d'attention dorénavant (prenant soin de garder ma bouche fermée). Merci et bonne journée

laurent Debordes a dit…

une chose est sur c'est qu'un tel article ne fait pas bailler de sommeil , maintenant a toi de ne pas bailler au corneilles pour le prochain , moi je prend un bail sur ton blog , ça c'est sur :)
merci de nous instruire

Josée Roy a dit…

Je suis heureuse d'apprendre la différence et l'histoire des corneilles m'a beaucoup plus;la tienne entre autre. Si je comprend bien, la différence est le mouvement involontaire de la mâchoire, ceci étant dit la prochaine fois je serais en mesure d'identifier lequel des deux (bailler ou bayer)mes ados affichent sur leurs visages.

Passe une belle journée Monic.
Josée

Chris a dit…

Salut Monic,
Pareil même que Cathy :-) Je vais me coucher beaucoup plus instruit ce soir, et cela me permet de remémorer un peu de mon francais (ou plutôt de ne pas le perdre), car il est à rude épreuve ici. Merci donc pour cet article.

~nancy a dit…

..toujours aussi agréable de te lire Monic..

..tu es vraiment intéressante et en prime j'apprend de belles choses..merci pour ce beau partage..

..au plaisir;)

~nancy

Foise a dit…

Eh bien après réflexion je dois avouer que c'est une expression que j'ai employée avec une nuance d'agressivité. Un reproche adressé généralement à mes enfants lorsqu'ils étaient désoeuvrés comme s'ils attendaient que les cornouilles leur tombent dans le bec.

Unknown a dit…

Juste un petit mot pour te remercier de tes coms, et t'informer que tu peux te laisser aller à bailler et dormir: ma rubrique jardinage est en stand-by en attendant que je sache si elle est légale... Voilà de quoi te laisser bouche bée, non?

créa.n@t a dit…

Et bien ça vaut la peine de te lire. J'ai appris quelque chose aujourd'hui. Je ne savais même pas qu'il y avait deux façons de l'écrire. J'adore la photo. Merci.

Foise a dit…

C'est bien ce qu'il me semblait, je l'avais vu ton article... J'aurais pu éviter de tomber dans le panneau !
Les habitudes ont la vie dure...